Écrire. Le grostesque et le sublime.

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Pourquoi tu écris?

Pour le plaisir, pour guérir, pour rire, pour rien, pour vivre et en vivre.

Écrire parce que c’est tout ce que tu sais faire. Et encore, tu doutes de ça. Tu doutes de toi. Souvent. Tout le temps.

Mais tu écris quand même.

Tu te livres, cœur et âme ou par-dessus la jambe, dans un cahier, sur Word, sur un Post-it ou le dos de ta main. Sur le mur ou la table, des fois, mal prise.

Tu fais des listes. Tu oublies tes listes. Tu skies le Mont-Blanc dans des blocs notes à peine relus. Tu documentes le fugace pour le rendre éternel. Tu ne veux pas mourir sans avoir rien laissé, sans avoir donné quelques coups de marteau dans le marbre qui s’offre à toi, dur et tendre à la fois. Comme toi, comme toi.

Tu as la chanson d’amour à fleur de flirt et tu rimes à rien. Tu as l’image facile et le verbe salace. Tu griffonnes une blague comme on balloune un animal. Tu fais la pitre avec l’épitre, plis des origamis calligraphiques. Tu aimes offrir, telle une vieille folle sur le bord de l’autoroute de l’information, les fruits secrets recueillis dans ton potager.

Tu t’appliques à transcrire sans faute ton sanskrit écrit en transe. Mais il y a toujours quelques coquilles qui jonchent ta plage. Tu blogues pour battre le cœur pendant qu’il est gros. Tu autopsies tes cadavres exquis et laves ton linge sale en Times New Roman.

Tu écris pour la musique que ça fait. Tu te tiens demie-croche et noire devant ta partition. Tu t’éjarres, Tori Amos style, en jouant du tambour avec les touches de ton ordinateur. Et tu laisses chanter les locataires accroupis au dessus de la trappe à air de ton grenier.

Tu jongles avec les maux et chatouilles les litotes. Tu as peur avant d’écrire. Tu as le vertige en auteure. Mais après le saut de l’ange où ta plume se déploie, tu es presqu’incapable d’en venir au point final. Tant que la bouteille n’est pas lancée à la mer, tu gommes, tu biffes, tu déplaces, tu remets ça, tu roques et tu rôles.

Tu écris aussi pour parler. Tu aimes te donner le cadeau de la réflexion, de la réécriture après ton prime abord. Tu favorises une première impression de toi sur papier. Tu préfères donner une carte plutôt que tes bégaiements. Un texto à un appel. Un mot doux à un câlin.

Tu penses façonner tes hurlements de façon à ce qu’ils soient supportables pour les autres. C’est souvent faux. En général, tu préfères te disputer par correspondance plutôt qu’en pleine gueule. Bref, tu te surpasses dans les lettres de ruptures.

Tu écris pour te lire, te relire et te relire encore. Tu te trouves brillante et nulle, grotesque et sublime. Tu travailles à la sueur de ton clavier en te rongeant la barre d’espacement. Tu perds pied devant les mains tendues à tes manuscrits. Tu vacilles lorsqu’on te complimente et tu t’effondres devant la critique.

Mais tu te relèves sans cesse. Parce que tu écris pour les autres. Tu as besoin de te savoir lue comme autant d’amour que ton cœur sans fond peut en prendre. Tu as besoin qu’ils caressent ton texte de leurs yeux. Tu écris pour séduire et ne peux souffrir le désintéressement.

Tu écris parce qu’ils t’attendent, eux, tes lecteurs, tes lectrices, tapis dans leur solitude, devant un café, entre deux stations de métro, sur la cuvette ou sur des coussins, au réveil ou au coucher.

Tu écris pour qu’ils reviennent chaque semaine. Invisibles mais palpables, s’abreuvant de ton sang d’encre.

Tu écris parce que sans eux, tu ne serais rien. Rien qu’une muette qui crie sous l’eau avant de se noyer en silence…

Alors, tu écris.

Point.

12 réflexions sur “Écrire. Le grostesque et le sublime.

  1. Oh yummy! C’est comme du Catherine Ethier trempée 2-3 fois dans le toblerone fondu qu’on bouffe à cuillère straight de la sauce pan deboute su’l bord du poèle. Câlins à tes textes, cajoleries à test chapitres, chatteries à tes phrases et gros bizoux à tes propositions.

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  2. Bonjour ou bonsoir. Ton texte vient me chercher à tellement de niveaux que je ne sais par quoi commencer. J’ai tellement essayé d’écrire plein de choses depuis tant d’années mais sans trouver une « niche ». Des brouillons plein la tête mais rien de cristallisé. Sans blague, ton blogue m’a inspiré. J’ai hâte de relire un nouveau texte, sorti tout droit des méninges sans scrupules qui se cachent derrière cette Corona.

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