Avoir les boules de Noël.

Boules

 

Depuis quelques années, le temps des fêtes me rend down. Noël, c’est pour les jeunes enfants. Je n’en suis plus et je n’en ai plus. Noël, c’est pour la famille et je l’ai tant boudée que j’en suis mal. Noël, c’est pour les amoureux et merde.

Qu’est devenu mon petit soleil au ventre à l’idée de donner et de recevoir? Le temps où je m’appliquais, langue sortie, à mettre des brillants sur une carte pour ma mère? Le temps où je déchirais avec anticipation le papier vert et doré, un chou rouge collé sur mon crâne? Le temps où je versais dans l’effusion avec Bing Crosby sur le bout des oreilles?

Cette femme est elle révolue? Suis-je à ce point devenue cynique? « Emmerde-je » tant la société de consommation que je me refuse la fête? Suis-je si blessée de toutes sortes d’affaires pas claires qu’une promenade sur la Mont-Royal décorée, lumineuse, sous la pluie et la boue, me donne envie de décharger un calibre 50 dans les hauts parleurs juste pour ne plus les entendre cracher leurs insupportables rigodons métalliques?

Je voudrais partir loin de toute cette joie feinte, peinte, soudaine. Toute cette surabondance. Toutes ces obligations. Tous ces déplacements. Toutes ces dépenses. Toute cette bouffe! Je veux me glisser sous une couverture chaude et hiberner. Je veux regarder The Sound of Music, seule et soule, couchée sur mon divan taché de Chow Mein. Comme d’habitude.

Mais en même temps… Ce goût de prendre une tranche de bonheur traditionnel…

Hier, j’ai installé des lumières qui brillent d’un bleu festif dans mon salon. J’ai éteins le plafonnier pour mieux savourer le scintillement. J’ai emballé quelques présents, la langue retrouvant enfin la commissure de ma bouche alors que je me battais avec le ruban gommé.

Je vais mettre des couleurs sur mes joues et aller déposer des bises sur celles des autres. Je vais demander aux cousines comment va la vie et quêter une cigarette aux cousins. Je vais m’étonner comment un jeune me dépasse maintenant. Je vais aider ma tante à sortir des choses de la cuisine et être dans ses jambes. Je vais avoir chaud et mes chaussettes sur le tapis vont me faire causer des chocs en touchant les gens.

Je vais recevoir un cadeau ou un compliment qui va m’embarrasser. Je vais donner des bas de laine à mon fils avec une couple de cent dollars roulés dedans. Ma mère, un agenda. Il y a des conversations qui ne seront jamais terminées, d’autres jamais commencées. Il va y avoir des câlins et des atacas. Il va y avoir du bon vin et quelques tracas.

Bref. Je vais aller souper en famille. Avec mes boules et mes guirlandes.

Parce que, dans le fond, Noël, c’est juste une date qu’on s’est imposé pour avoir l’excuse de se dire tout croche qu’on s’aime.

Et puis,  je n’aurai qu’à redevenir cynique le 6 janvier.

Joyeux Noël à tous! Et à tous, une belle nuit!

 

 

10 réflexions sur “Avoir les boules de Noël.

  1. Ok. Je ne t’embarrasserai pas de compliments (tu le sais en masse que tu es belle), pis tu ne me demanderas pas comment va ma vie (des malaises, y’a en masse comme ça). Mais on mange et on boit et reste plantées debout avec nos verres, dans les jambes des matantes. Deal?

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  2. Merci pour cet extrait touchant….Noël… comme Clark Griswold le demandent à son père dans le film Christmas Vacation:

    -« How’d you get throught it ?
    – » ! had a lot of help from Jack Daniels.. » Bonnes festivités ma belle!

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  3. Tu sais quand je te lis j’imagine ta voix qu’est-ce que tu dis est universel. Tout le monde peut se retrouver dans tes mots, continue , tout ce que j’ai lue de toi m’encourage a être le même et meilleur, Merci Roberto Benvenuto

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