«Bonjour-Hi!», une Plateauzoïde à Èndiidjii.

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La première chose qui me frappe quand je déballe mes boîtes dans Notre-Dame-de-Grâce, c’est comment je me sens dans une autre ville. Je dirais même, un autre pays. Mon premier flash : j’suis à New-York. Les escaliers de secours en métal qui longent les buildings un brin art déco, l’épicerie coréenne qui se frotte l’épaule à la pâtisserie polonaise, les Noirs, les Blancs, les pauvres, les riches… Ouan, j’me sens comme à New-York, mais sans la violente odeur de pisse.

Au contraire, c’est propre en p’tit  British à fesses serrées, ici. Les parcs sont impeccables et les trottoirs, balayés. Je me demande bien où ils mettent leurs itinérants. J’en vois pas un à la ronde. C’est louche… Y’a peut-être le gars soûl, juste là, qui pourrait passer pour…  mais non, les sans-abris n’ont pas de Yorkshires.

D’ailleurs, on aime beaucoup les chiens dans mon nouveau chez-moi. De ma station de métro à mon appartement, je compte quatre magasins de gugusses à pitous, deux vétérinaires, une boutique de toilettage pis une garderie. Pas un chenil, une fucking garderie. Y’a des dessins aux murs et des jeux au sol. On les promène en laisse à la paire, dans le creux de son coude en sacoche ou, mieux encore, dans une poussette avec des fleurs. Pis pas un tas de merde en vue. Fascinant.

Ce qui me désoriente de joie, c’est la diversité qui m’entoure. Ça me change de Hipster City où même les immigrants finissent par porter un chandail rayé, des lunettes en rectangles pis des flip-flops. Non, Ici, c’est un patchwork d’ethnies assumées, un festival de couleurs, d’épices, de styles et de religions. Et personne qui se fait chier avec ça.

Au feu rouge attendent votre humble scribouilleuse pâle et moulée comme d’hab, une noire bleutée en djellaba enturbannée flash, un celte roux en wife-beater qui a vu de meilleurs jours, une snob française griffée qui jase avec sa copine en hijab et un Greyhound qui tire son propriétaire, un homosexuel avec une mauvaise permanente. Quand le p’tit bonhomme lumineux apparaît, on se met en branle et on croise un asiatique aux cheveux trop luisant, une grosse avec les boules à l’air et un juif hassidique qui porte sa fillette sur ses épaules.

Ce qui me frappe le plus, en les observant aller tout le monde, c’est la tolérance. Tolérance envers la différence, indulgence envers les autres façons d’être et de faire. C’est sûr, j’imagine, que la bourgeoise wasp tripe pas full quand elle passe entre les cinq haïtiens qui parlent trop fort, mais je ressens pas la tension et l’inconfort ethnique que je retrouve dans les quartiers québécois francophones.

Vous savez, les phrases par en dessous, les lèvres qui trahissent un dégoût, les regards sous-entendus, les référendums ratés de peu en travers de la gorge, les freak-outs sur l’ostentatoire, les commissions de salon à savoir si les étrangers vont tout’ faire sauter ou carrément les «R’tourne-donc chez-vous maudit… (Insérer race erronée)»

Fait que, je suis stimulée par la variété visuelle, olfactive et gustative. Se succèdent les boutiques et restaurants qui me vendent du halal, du punjabi, des pastas, des berliners, du kosher pas cher, de la banane plantain et du bubble tea. Et tout ça, en français.

Oui, ici, tout est d’abord en français. L’affichage et la langue. «Bonjour-Hi!» qu’ils disent. Là, tu parles pis on te répond en conséquence. Avec un accent, souvent. Entre eux autres, ça jase libanais, africains ou vietnamien, mais ça converse toujours dans ta langue, française ou anglaise.

On s’entend que dans la feuille de chou du coin, «The Suburban»,  y’a une légère propagande anglo parano qui me fronce les sourcils, que rares sont les Caisses Desjardins ou le fleurdelisé et que la poutine goûte bizarre, mais le français est bel et bien vivant à NDG.

J’suis bien ici, dans mon ailleurs familier. J’suis en en visite dans mon pays, le Québec, dans mon quartier, le Canada, dans ma rue, la planète.

15 réflexions sur “«Bonjour-Hi!», une Plateauzoïde à Èndiidjii.

  1. Un super quartier que j adore. Loin de l horrible plateau pollué pseudo bobo nono pequisto caviardo gaucho. Bienvenue dans le vrai monde chère voisine, celui du Québec qui aime son prochain et sa difference 😉

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      1. Je te lis souvent mais je fais la greve du like en ce moment. Un peu marre des reseaux nonos et de leurs flots de haine, la vraie vie est dehors, sous le soleil et la pluie 😉

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    1. Pas rempli de préjugés ton commentaire non pas du tout! Comme l’ampleur du racisme dans billet environ.

      Pour le reste, suis souvent dans NDG et c’est pas vrai pour le français. Mais venant de quelqu’un qui écrit que le Suburban à une légère tendance à la propagande, rien de surprenant,

      Bye les super-bobos du Monde!

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  2. Belle observation et riche description. C’est plein d’odeurs, ce texte! Et en vous lisant, ça ne sent même pas le clavier… plutôt l’odeur de l’encre et du papier.

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  3. Superbe texte, j’habite le quartier voisin depuis 2013, Côte-des-Neiges…Il y a des petits coins moins propres, mais je ressens le même feeling que le tiens.

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  4. Superbe texte, j’habite le quartier voisin depuis 2013, Côte-des-Neiges…Il y a des petits coins moins propres, mais je ressens le même feeling que le tien.

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